Il fait un froid de canard dans Paris. Attablés à une terrasse sous leur parasol chauffant ces deux touristes asiatiques avec leur petit vin chaud me font bien envie. Je suis exténuée après une journée de marche, mes pieds crient au repos. J’oubliai, je suis enceinte. Quatre jours et toujours pas de règles. C’est raté pour le vin chaud. Ah moins que…. Le petit diable dans ma tête se réveille, « peut- être me fais-je du cinéma me glisse-t-il à l’oreille » : pas de nausée, pas de seins tendus, allez et puis une petite pause agréable c’est aussi bon pour le bébé ; l’essentiel étant que sa maman soit épanouie. L’archange de l’autre côté arrive, « pense au bébé, me sermonne-t-il, à son retard mental, toi être mauvaise mère ». Stop ! Assez de se torturer ainsi dans le doute. Je dois savoir. C’est décidé, je pars à la pharmacie acheter un test. Wouha c’est une étape importante dans une vie, acheter un test de grossesse. C’est une première pour moi. Heureusement je suis à Paris, je ne connais personne. Pas question d’aller acheter ce genre de chose chez madame Micheline la commère de quartier. Je l’imagine déjà « Ah vous étes enceinte, oh c’est bien ! Quel âge avez-vous ? ha … (voie désolée sous-entendu 35 ans c’est un peu tard ma fille) et deux mois plus tard, après une éventuelle fausse couche, « alors ce bébé ? oh désolée » et de se répandre avec tout le quartier sur cette pauvre fille que a perdu son bébé mais que voulez-vous, elle est plus toute jeune (vieille pie va !). Une chance d’être à Paris.
Le test est dans ma poche. La notice précise qu’il faut au moins 15 secondes sous le jet d’urine. Mince, je n’ai plus envie. Je suis allé aux toilettes ¼ d’heure avant. Je n’ai pas de quoi faire. Un thé pourrait aider mais ça aussi il parait de c’est déconseillé. Décidemment, que de privation pour un mouchard, il commence déjà à m’énerver celui là. (Mais non mon bébé je t’aime très fort, répéter dix fois je dois être une bonne mère, je dois être une bonne mère…) Aller, c’est parti pour le triple verre d’eau et l’idée fixe sur les chutes du Niagara… pssit pssit…Deux heures après, l’envie vient tout juste. Je me rue au premier café du coin. Enfermée dans des toilettes glauques me voilà à essayer d’uriner sur un petit bout de languette sans en mettre partout. Pas facile. J’en ai sur les doigts beurk. Ils auraient pu prévoir une tige plus longue ! Et 15 secondes, désolée mais j’en ai tout juste assez pour tenir 5. Est-ce grave docteur ? Il faut maintenant attendre 5 minutes. 5 minutes dans ces toilettes. Mon bébé sera ravi s’il un jour je dois lui raconter que j’ai appris sa venue dans un tel endroit. On repassera pour le conte de fée. Une minute. Une femme frappe sauvagement à la porte. Je ne réponds pas. Deux minutes. La garce elle est revenue avec le serveur… Ok je sors. Je dissimule mon stylet dans mon sac et repars m’asseoir sur ma banquette en velours. Je suis sûre que ce sera une fille. Ma dernière partie de jambes en l’air était bien avant la date de l’ovulation. Il parait que les spermatozoïdes filles sont plus résistants. Je confirme, les filles sont capables d’endurer des choses bien plus difficiles. C’est pas nos hommes tamalous qui supporteraient une grossesse. J’ai lu ça sur internet. Les filles s’accrochent bien aux parois et lorsque l’ovule arrive, elles seules ont résisté. Exit les petits gars. Eux décrochent à la moindre difficulté. Et zou le vainqueur est…une fille ! C’est chouette une fille. Je vais pouvoir la bichonner. Au moins elle ne jouera pas au foot. Déjà un bon point. 5 minutes, j’ai retrouvé ma tête de Joconde. Ce doit être prêt. Allez je me lance, je vais apprendre la plus grande nouvelle de ma vie, je regarde le stylet au fond du sac. Un trait, c’est raté. Pas de bébé pour cette fois. Je commande un vin chaud au serveur.
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