03/02/2010

FIV FIV FIV , hourra ?

Jour J. Un temps superbe, un ciel d’azur et le moral au beau fixe. Devant la clinique on hésite. Toujours prêts ? Ou alors on prend la voiture et on file vers la frontière. Personne n’en saura rien, les gens diront, ils allaient faire une FIV, ils n’ont pas pu fuir, ils ont du être enlevsé, rencontrer un braqueur de voiture qui les a kidnappé, avoir un accident… Alors, on refait notre vie ? Au soleil sous les cocotiers, d’amour et d’eau fraiche ? Finalement, nous décidons de prendre le chemin de la clinique, c’est un beau jour pour faire un bébé….

La clinique est un vrai labyrinthe, on se perd plusieurs fois dans les couloirs avant de trouver le bon secrétariat. On ne se laisse pas avoir, il en faudra plus pour se débarrasser de nous ! Le labo FIV est plein de cadres avec des dizaines de photos de bébés nés grâce au labo. Un vrai catalogue La redoute. Dans le lot, plusieurs jumeaux. Cela m’énerve un peu. Tant que l’on n’en a pas, on est un peu jaloux de ceux pour qui ça a réussi. Mon chéri trouve ça encourageant. On commence à faire notre choix, à vrai dire aucun ne me plait, je les trouve laids : évidemment ce ne sont pas les miens.
L’homme viril va donner de sa semence dans une petite salle adjacente. Il revient tout penaud, je sais on pensait que ce serait plus rigolo de faire un bébé ! De mon côté, je suis transportée dans une chambre avec une vue magnifique sur tout la ville. Ouah ! La classe ! Ici on doit faire des bébés de luxe ! Après une douche à la Bétadine, j’enfile la création dernier cri des grands couturiers parisiens : la blouse bleue qui laisse entrevoir tes fesses si tu marches trop vite. Pas classe. Un jeune homme vient me chercher pour me conduire sur son brancard de compétition à travers couloirs et ascenseurs jusqu’à la salle d’opération. Je ne risque plus de m’enfuir, je serais incapable de retrouver la sortie. Il me laisse dans un couloir, il faut attendre. Dix minutes, toujours rien. J’entends un bébé qui hurle. La salle d’accouchement est juste à côté. Si c’est pour me donner de l’espoir, c’est raté. C’est plutôt glauque. Je m’amuse avec mes pieds qui dépassent du chariot, quand je les tends ça ouvre les portes automatiques, si je ne respire plus, la porte reste fermée. Combien d’ouvertures peut-elle supporter à la minute. J’essaie de chronométrer. Je n’ai pas le temps de finir, le brancardier est de retour. Je finis allongée dans une salle sans fenêtre, la lampe design de la salle d’opération au dessus de moi, les outils chirurgicaux qui raisonnent sur le métal. Je m’endors.
A mon réveil, je me retrouve dans une salle claire alignée dans mon chariot avec cinq autres personnes. Une vieille dame signale aux infirmières qu’elle souffre du bras, ces dernières l’ignorent jusqu’à ce qu’elle signale une douleur à la poitrine. Une sage femme vient voir une jeune maman quatre lits plus loin qui vient d’accoucher par césarienne. « votre petite va bien, un gros bébé : gros utérus, gros bébé. » Elle doit être contente la jeune maman qu’on la traite de gros utérus en place publique.
A côté de moi une autre FIV, c’est comme ça qu’on nous appelle, se réveille. On discute un peu, nous racontons notre parcours du combattant. Elle est gentille.
On me ramène dans la chambre, mon chéri m’accueille avec le sourire « tout va bien, ils en ont pris dix très beaux ! » Youpi ! C’est bien dix ? A côté la jeune fille de la FIV fait un sourire tendu, ils n’en ont que deux. Je mesure ma chance.
Une demi-heure après, après une petite collation, nous retrouvons l’air frais du dehors. Voilà, c’est fini pour l’instant. Reste à attendre de savoir si finalement mes ovules et ses spermatozoïdes vont faire copains copains. On rentre à la maison, allégés de quelques grammes et pour moi avec un bon mal au ventre.


Le labo vient d’appeler, nous avons 3 « MAGNIFIQUES » embryons et 5 super. La gynéco s’extasie. Ben oui on ne fait pas les choses à moitié ; ici on aime le travail bien fait ! Alors voila, on culpabilise un peu, nos petits n'ont que quelques heures et on les a déjà abandonné dans un congélateur, dans le noir et le froid. Mon chéri me précise que c’est pour leur apprendre l’autonomie… Tenez bon les p’tits, on revient vous chercher demain !

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